Bolly&co Magazine

#95 – Bolly&Co au Festival de Cannes 2025, notre bilan...

31 mai 2025
podcast namaste le cinema episode 95


Asmae Benmansour-Ammour : Nous sommes le vendredi 30 mai 2025, et voici venu le nouvel épisode de notre podcast, proposé en exclusivité par Bolly&Co...

Bonjour Elodie ! Comment vas-tu ?

Elodie Hamidovic : Salut Asmae ! Cette nuit, je me suis réveillée en sursaut en pensant qu'il était 6h55 et que je devais vite réserver mes places pour des films… Les traumatismes cannois...

Asmae Benmansour-Ammour : Ma pauvre ! Tout va bien, tout cela est désormais derrière nous ! A nos chères auditrices et auditeurs, bienvenue dans cet épisode un peu particulier de Namaste le Cinéma.

Elodie Hamidovic : En effet, après ces quelques semaines d'absence, on se retrouve pour faire ensemble le point de notre aventure au 78ème Festival de Cannes.

Asmae Benmansour-Ammour : Un bilan à deux voix, sincère et sans fard sur ce qu'a représenté pour nous cette troisième incursion dans le plus grand festival de cinéma au monde. Le tout entre fatigue, rencontres, frustrations, moments de joie et réflexions profondes. Bref, tout cela n'aura plus aucun secret pour vous !

Elodie Hamidovic : Avant de plonger dans le vif, recontextualisons un peu les choses. Cette année, on était dans une posture d'entre deux. En somme, pile entre nos deux premières éditions. On avait de l’expérience, des contacts, un badge marché, dans lequel j'avais lâché une bonne partie de ma tune… Mais toujours pas d'accréditation presse. On savait donc qu’il nous faudrait être stratégiques.

Asmae Benmansour-Ammour : Et surtout qu’il fallait qu’on préserve notre énergie. On s’était donc dit qu'on ferait moins de contenu vidéo, plus de photos, de moments capturés spontanément et qu'on se focaliserait surtout davantage sur les rencontres humaines.

Elodie Hamidovic : Et franchement, ça nous a fait du bien. Cette année, on n'était pas là pour brûler nos batteries. On était là pour vivre les choses, pas juste les documenter à tout prix.

Asmae Benmansour-Ammour : Et pourtant, on a vu pas mal de choses ! Peut-être moins que les autres années, mais ce qu'on a vu, on l'a vu mieux ! Avec plus de recul, plus d’analyse. On a pu prendre du temps pour ressentir les films, pour discuter entre nous après nos temps forts et pour noter nos impressions à chaud.

Elodie Hamidovic : On a testé un format plus simple pour le contenu vlog. Moins de montages complexes, plus de photos et des posts plus spontanés, notamment en story. Et honnêtement, ça a permis de mieux savourer chaque moment. Mais il faut le dire : ce choix, s’il nous a soulagées, nous a aussi laissé avec un petit goût d’inachevé.

Asmae Benmansour-Ammour : Car effectivement, il y avait des idées qu’on aurait voulu concrétiser. Des formats audio à tester sur place, des vidéos plus intimistes, peut-être un carnet sonore… Mais l’énergie, le temps et les moyens nous ont manqué. Pour ma part, j'ai eu du mal à me mettre en scène, à créer un contenu sur moi et mon aventure. J'ai l'habitude de me cacher derrière les histoires que je raconte et les films que je recommande… Mais être au centre de l'image sans possibilité de détourner l'attention sur quelqu'un d'autre, c'était difficile. Bref, tout ça pour dire qu'on apprend encore à doser entre ambition créative, limite intérieure et réalité logistique.

Elodie Hamidovic : Il y a aussi eu les rencontres. Certaines, totalement imprévues, d’autres précieusement organisées... Celle avec le casting de Homebound par exemple… Une rencontre qui a tout changé.

Asmae Benmansour-Ammour : En effet, on a eu la chance d’interviewer Janhvi Kapoor, Ishaan Khatter et Vishal Jethwa. Et c'était un moment très fort. Leur disponibilité, leur gentillesse et la sincérité de leurs réponses nous ont vraiment touchées. On a senti une vraie curiosité de leur part, une envie de dialogue. Et ça, ça ne s'invente pas.

Elodie Hamidovic : C’était une interview fluide, respectueuse, et marquante. Vous pouvez d’ailleurs retrouver toutes les entrevues de ce 78ème festival sur notre site ! C’est rare d’avoir un tel espace d’échange, surtout à Cannes. Et on mesure notre chance. D'autant qu'une fois n'est pas coutume à Cannes, on a été traitées comme de vraies journalistes. La projection du film était également un moment chargé d'émotions. Toute la salle a vibré au rythme des aventures de Chandan et Shoaib. Et même moi, je n'ai pas pu retenir mes larmes !

Asmae Benmansour-Ammour : Pour ma part, aucune frustration car j'avais pu voir le film en projection presse sur Paris, quelques jours avant le festival… D'ailleurs, ma critique de l’œuvre est désormais en ligne ! Et autant te dire que j'y partage ton ressenti : de l'émotion brute, de l'engagement fort et un récit nécessaire !

Elodie Hamidovic : Il y a eu aussi ces visages familiers qu’on ne s’attendait pas à croiser : Boman Irani et Karan Tacker, rencontrés par pur hasard. Boman nous a surpris par sa simplicité et sa bienveillance...

Asmae Benmansour-Ammour : Tandis que Karan m'a chaleureusement invitée à partager son petit-déjeuner. Bref, ces interactions authentiques et sans calcul nous ont fait beaucoup de bien...

Elodie Hamidovic : Et puis, on a eu droit à une revanche douce : deux ans après avoir manqué Rahul Bhat lors de son passage cannois de 2023 pour le film Kennedy, on a enfin pu le croiser. Mieux, il nous a livré une interview pleine de malice et d'humour ! Et avec l'immense réalisateur Shekhar Kapur, c’était un petit moment suspendu. Ces discussions parfois brèves étaient plus que tout emplies de sens et de reconnaissance. Et Cannes, c’est aussi ça : la magie de l’imprévu.

Asmae Benmansour-Ammour : Sans oublier ces scènes anodines qui restent en tête… Un vigile bienveillant qui nous laisse entrer, un échange en anglais hésitant avec une certaine Ambika Mod à la terrasse d’un café, des regards échangés avec Jodie Foster et un échange chaleureux avec Helen Mirren… Sans oublier les rencontres avec nos abonnés et nos amis, qu'il s'agisse de François-Xavier, de Pauline, d'Audrey ou de Veda... Ce tissu de petits moments, c’est notre Cannes à nous.

Elodie Hamidovic : En parlant de FX, n'oublions pas de mentionner ton expérience au cœur d'une soirée très sélect : celle du casting de Homebound !

Asmae Benmansour-Ammour : Rholala, mais oui ! Comment ai-je pu oublier ? Un grand merci FX, qui est le sous-titreur français du film, de m'avoir embarqué comme +1 lors de cette soirée privée ! C'était… une véritable expérience sociale, je dirais !

Elodie Hamidovic : Qui était là ?

Asmae Benmansour-Ammour : Tout le casting de Homebound, déjà. Ishaan Khatter avec sa chérie Chandni, Janhvi Kapoor est arrivée main dans la main avec son amoureux Shikhar et Vishal Jethwa était accompagné de sa maman. Puis Khushi Kapoor, la sœur de Janhvi, a fait son apparition. Évidemment, Monsieur Karan Johar était présent, et beaucoup d'artistes indiens de passage à Cannes ont fait le déplacement : la productrice Guneet Monga, le réalisateur Honey Trehan, le designer Manish Malhotra ou encore l'acteur Taaha Shah sont venus profiter du bar et des petits fours !

Elodie Hamidovic : J’en connais une qui s'est pétée le bide !

Asmae Benmansour-Ammour : Je plaide coupable ! Et même si c'était sympa de voir le Cannes by night, je n'ai pas été complètement emballée par l'atmosphère un peu clanique de la soirée…

Elodie Hamidovic : Et soyons honnêtes, ce n'est pas notre seule frustration de cette année. On va notamment revenir sur la place du cinéma indien à Cannes en 2025... Presque inexistante dans les sélections officielles. On parle pourtant d’un pays qui produit près de 1000 films par an…

Asmae Benmansour-Ammour : D'autant que le pavillon indien, censé incarner la pluralité de sa production locale, s’est transformé en vitrine politique. Très orientée. Fermée.

Elodie Hamidovic : Et surtout, profondément déconnectée de la diversité réelle des cinémas indiens.

Asmae Benmansour-Ammour : Et c’est encore plus rageant quand on voit la promo intense faite autour de Tanvi The Great, d’Anupam Kher. Un film bancal dans son propos, son exécution et sa technique, et pourtant présenté comme une fierté nationale. On parle d’un acteur connu pour son allégeance au BJP, et ça se ressent jusque dans le message du métrage. Et Dieu que c'était creux !

Elodie Hamidovic : Et pourtant, il a eu droit au tapis rouge, aux discours, au pavillon et à l'argent du ministère... Alors que le superbe All We Imagine As Light, Grand Prix de l'an dernier, a dû chercher des fonds à l'étranger ! Ça se ressent également jusqu'au marché du film, où l'absence des industries dravidiennes, connues pour leur nuance et leur engagement, s'est cruellement fait ressentir.

Asmae Benmansour-Ammour : Quelle ironie... D’ailleurs, ce sentiment d’être à la marge, on l’a aussi ressenti en tant que média. On n’a pas la carte presse, on n’a pas les bons badges. Mais on a notre voix. Et on essaie de la faire entendre, encore aujourd'hui à travers cet épisode bilan.

Elodie Hamidovic : Une autre frustration, c'est celle qui concerne les égéries L'Oréal. Comme vous le savez, depuis notre première incursion il y a deux ans, nous nourrissons le doux songe d'interviewer l'unique Aishwarya Rai Bachchan, dont le défilé cannois fait office de tradition ! Depuis 3 ans, on choppe les bons contacts, on s'y prend en avance et on nous répond ! Cette année, on a naïvement cru que ce serait la bonne… Pourtant, pas d'interview d'Aishwarya, ni d'Alia. Même pour les égéries locales comme Aditi Rao Hydari ou pour l'invitée Nitanshi Goel, rien. Pas un clou.

Asmae Benmansour-Ammour : Précisons toutefois que ça fait une paire d'années que Aish n'a pas accordé d'interview tout court, et que le changement des dates de venue d'Alia a totalement mis en échec nos plans… Donc là-dessus, on a de quoi relativiser. Et certes, c'est un peu frustrant et en même temps entendable : quel est l'intérêt pour une boîte aussi énorme que L'Oréal de nous faire cette place dans les agendas bien chargés de leurs stars ? Pour Homebound, c'était cohérent puisque le film sortira très bientôt en France… Mais là ?

Elodie Hamidovic : C'est sûr. On n'a en tout cas aucun regret à avoir puisqu'on sait en notre fort intérieur, qu'on aura tout essayé. Et peut-être que le destin nous permettra de rencontrer notre queen Aish dans d'autres circonstances ?

Asmae Benmansour-Ammour : On l'espère… Bref, tout ça pour dire que Cannes, c’est toujours aussi intense. Mais en l'occurrence, cette édition nous aura surtout ouvert les yeux. On aime sincèrement ce festival, mais on ne veut plus s’y perdre. On veut le vivre autrement. À notre rythme et selon nos codes. On a besoin de sens. De rencontres sincères. De récits puissants. Et on pense que c’est peut-être ailleurs qu’on les trouvera. À Goa, à Berlin, à Londres ou à New-York… Qui sait ?

Elodie Hamidovic : Ce sera donc notre dernière aventure sur la Croisette… pour l'instant. Car quitte à dépenser notre temps, nos précieux congés, notre énergie et notre argent, autant que ce soit au service d'un festival spécialiste du cinéma indien, vous ne trouvez pas ?

Asmae Benmansour-Ammour : De fou ! Et puis, il y a vous, qui nous écoutez, nous soutenez, nous relancez... Ce podcast est à vous autant qu’à nous. Et il évolue avec nous. Il nous pousse à rester curieuses, ouvertes et intègres.

Elodie Hamidovic : En tout cas, merci encore pour votre fidélité. Pour vos partages, vos messages et vos recommandations. C’est ce lien avec vous qui fait toute la beauté de notre histoire, qui dure depuis bientôt 15 ans...

Asmae Benmansour-Ammour : Alors ce Cannes 2025, c’était quoi, pour nous ? Une étape de plus dans notre parcours. Un miroir sur nous-mêmes et sur les valeurs que nous incarnons. Et un tremplin pour la suite que nous donnerons à Bolly&Co, en ligne comme sur le terrain.

Elodie Hamidovic : Maintenant que cette belle aventure est terminée, on reprend les bonnes habitudes.

Asmae Benmansour-Ammour : Les festivals, c'était génial, mais on a juste envie de revenir à ce qu'on aime faire avec ce podcast : couvrir l'actualité croustillante des cinémas indiens !

Elodie Hamidovic : Et pour ce faire, rendez-vous dès vendredi prochain pour un nouvel épisode centré sur les news, et toujours avec le même mantra…

Namaste, le cinéma !

Crédits :

Hosts : Elodie Hamidovic & Asmae Benmansour-Ammour
Texte : Elodie Hamidovic & Asmae Benmansour-Ammour
Retranscription : Asmae Benmansour-Ammour
Design : Elodie Hamidovic
Montage et mixage son : Elodie Hamidovic