#98 – R. Madhavan tacle Aamir Khan ? Dhanush revient à Tollywood, Kajol se prend pour une déesse…
20 juin 2025

Asmae Benmansour-Ammour : Nous sommes le vendredi 20 juin 2025 et voici les actualités du grand et du petit écran indien, décryptées en exclusivité par Bolly&Co…
Salut Elodie, comment vas-tu ?
Elodie Hamidovic : Coucou Asmae, ça va comme un début d'été ! Le ciel est radieux, j'enregistre ce podcast en sirotant une délicieuse boisson fraîche et je vais bientôt partir en vacances pour mon anniversaire ! Chacune son tour. Et toi ?
Asmae Benmansour-Ammour : Alors je reviens de mes quelques jours à Stockholm qui étaient juste géniaux. J'ai visité le musée Abba et mangé à n'en plus pouvoir. Aussi, on a fêté nos 3 ans de mariage avec mon cher et tendre… Bref, la vie est belle !
Elodie Hamidovic : Mais oui, bon anniversaire, les amoureux !
Asmae Benmansour-Ammour : Merci meuf !
Elodie Hamidovic : Et pour bien commencer cet épisode inédit, on va parler d'un sujet ô combien prégnant au cinéma indien : l'âgisme et les différences d'âge importantes entre les acteurs de cinéma et leurs partenaires féminines…
Asmae Benmansour-Ammour : Oh, un sujet croustillant et sur lequel il y a beaucoup à dire… Mais avant d'aller plus loin, peux-tu expliquer à nos chères auditrices et auditeurs ce que veut dire le terme « âgisme », please ?
Elodie Hamidovic : Mais avec plaisir ! Ce terme, initié en 1969 par le gérontologue américain Robert Butler, décrit les discriminations dont sont victimes les personnes en raison de leur âge, jugé avancé. En somme, c'est comme si on décrétait une obsolescence programmée et inévitable à toute personne ayant dépassé un certain âge… Et ce phénomène dans l'industrie cinématographique indienne, comme vous devez vous en douter, touche surtout les femmes, malheureusement.
Asmae Benmansour-Ammour : Car il n'y a pas si longtemps, une actrice devenue trentenaire, et peu importe sa popularité ou son talent, était jugée trop âgée pour être l'héroïne d'un film populaire. De nombreuses comédiennes ont subi ce phénomène et ont vu les offres de films s'amoindrir à mesure que le temps passait. C'est ainsi que des Madhuri Dixit, Kajol et Karisma Kapoor ont naturellement dû céder la place à des Kareena Kapoor, Rani Mukerji et Priyanka Chopra, qui se sont elles-mêmes vues troquées avec des Deepika Padukone, des Katrina Kaif et des Anushka Sharma… Et la liste ne s'arrête pas là.
Elodie Hamidovic : Mais pourquoi est-ce qu'on vous parle de ça aujourd'hui ? Parce qu'à l'occasion de la promotion de sa prochaine comédie romantique Aap Jaisa Koi, l'acteur R. Madhavan a fait des confidences à Filmfare sur ce rôle. Je le cite : « Je suis heureux d'incarner un rôle qui colle avec mon âge. Je n'essaye pas de jouer les jeunots, je joue un personnage de ma génération. Et je trouve que le résultat est bon. Alors je croise les doigts pour que le public pense la même chose. » Dans ce métrage, Maddy, 55 ans, donne la réplique à la comédienne Fatima Sana Shaikh, âgée quant à elle de 33 ans.
Asmae Benmansour-Ammour : Et cette déclaration, elle dénote clairement de celle de l'acteur Aamir Khan, dont le Sitaare Zameen Par vient tout juste de sortir en salles. En effet, dans ce slice-of-life, il donne la réplique à Genelia Deshmukh, qui a 22 ans de moins que lui. Et selon lui, la différence d'âge n'est pas un problème. Il affirme, ouvrez les guillemets : « Nous avons désormais l'avantage des effets numériques. Avant, si j'avais dû incarner un gamin de 18 ans, j'aurais dû m'appuyer sur des prothèses, comme l'a fait Anil Kapoor dans le film Eeshwar lorsqu'il jouait le rôle d'un octogénaire. Aujourd'hui, vous pouvez avoir 80 ou 20 ans à l'écran avec des effets visuels indétectables. Alors la question de l'âge n'est plus une barrière. »
Elodie Hamidovic : Mouais, j'attends de voir le film mais si cette différence d'âge n'y est pas adressée, pourquoi avoir fait appel à Genelia et pas à une actrice de sa génération, comme Juhi Chawla ou Madhuri Dixit ? En quoi est-ce pertinent de caster une actrice qui a 20 ans de moins que lui si ça n'a pas un impact, même mineur, sur l'histoire qu'on vient nous raconter ?
Asmae Benmansour-Ammour : Mais si tu te souviens bien, pour Laal Singh Chaddha, Aamir Khan avait tenu un discours similaire. Pour le personnage de Rupa, il espérait une actrice plutôt jeune, à peine trentenaire. Et lorsque Kareena Kapoor a insisté pour tenir ce rôle qui lui tenait à cœur, elle a dû le convaincre que ses 40 ans passés n'étaient pas un obstacle. Avec le résultat très concluant qu'on connaît aujourd'hui.
Elodie Hamidovic : Et c'est quand même ironique quand on sait que malgré ses désormais 45 ans, Kareena a toujours 15 ans de moins que Monsieur Aamir Khan !
Asmae Benmansour-Ammour : Surtout quand, en face, des acteurs sexagénaires comme Aamir mais aussi Kamal Haasan, Salman Khan, Akshay Kumar ou encore Shahrukh Khan font allègrement semblant d'avoir 30 ans de moins à l'écran, et ce de façon très peu convaincante… Mais bon, ça ne gêne personne, puisque ce sont des hommes !
Elodie Hamidovic : Bref, cette hypocrisie est quand même profondément agaçante, mais elle semble se disloquer ces dernières années. Par exemple, dans le sud du pays, Trisha Krishnan et Nayanthara, toutes les deux dans la quarantaine, sont toujours des comédiennes de premier plan. De même pour Deepika Padukone et Katrina Kaif, que le cinéma continue de missionner sur des rôles principaux alors qu'elles ont respectivement 39 et 41 ans. Je pense aussi à celle qui casse tous les codes en portant fièrement ses 66 ans dans des looks toujours plus glamour et des rôles fait sur-mesure : Neena Gupta.
Asmae Benmansour-Ammour : Ce que dit donc Madhavan finalement, de façon pas très finaude, c'est qu'il est temps que les acteurs assument leur âge et jouent des personnages de leur génération.
Elodie Hamidovic : Et que s'ils sont amenés à donner la réplique à des actrices plus jeunes qu'eux, il faut que ça vienne servir un propos narratif. Sinon, ça ne sert à rien !
Asmae Benmansour-Ammour : C'est dit !
Faisons l'état des lieux des sorties de cette semaine, qu'en dis-tu ?
Elodie Hamidovic : C'est parti ! Friday Entertainment nous gâte avec deux sorties prestigieuses ! La première, c'est le film télougou >Kuberaa avec Dhanush, Nagarjuna et Rashmika Mandanna dans les rôles principaux. Ce drame criminel évoque le récit d'un mendiant dont la transformation physique va bouleverser l'existence et le questionner sur le sens de sa vie...
Asmae Benmansour-Ammour : Ok, ça a l'air tellement deep ! Et c'est en salles depuis le 20 juin !
Elodie Hamidovic : La seconde, c'est la comédie dramatique Sitaare Zameen Par, avec Aamir Khan et Genelia D'Souza, qui est également en salles obscures depuis le 20 juin. Ce récit, adapté directement du succès espagnol Champions, illustre un ancien entraîneur de basket-ball qui se retrouve à la tête d'une équipe de personnes en situation de handicap.
Asmae Benmansour-Ammour : Night ED Films nous propose quelques séances du film malayalam Ronth, avec Roshan Mathew, depuis le 18 juin. Le récit suivra deux officiers lors d'une nuit de garde, à l'occasion de laquelle ils devront faire face à leurs propres démons.
Elodie Hamidovic : La surprise de Cannes 2024 Sister Midnight, avec la géniale Radhika Apte, entame quant à elle sa deuxième semaine d'exploitation avec le distributeur Capricci.
Asmae Benmansour-Ammour : Et pour rappel, notre critique du film est en ligne sur notre site.
Elodie Hamidovic : De même pour The Shameless, également découvert à Cannes l'an dernier, qui est encore projeté dans quelques salles avec L'atelier Distribution.
Asmae Benmansour-Ammour : Du côté de la SVOD, la deuxième saison de la série Rana Naidu, avec Rana Daggubati et Venkatesh, est disponible sur Netflix depuis le 13 juin dernier.
Elodie Hamidovic : Le programme comique The Kapil Sharma Show en est quant à lui sa troisième saison, également sur Netflix depuis le 19 juin.
Asmae Benmansour-Ammour : Enfin, découvrez sur ZEE5 Detective Sherdil, une comédie policière avec Diljit Dosanjh, Banita Sandhu et Diana Penty, en ligne sur la plateforme depuis le 20 juin.
Elodie Hamidovic : Asmae, quel projet fera l'objet de notre chronique du jour ?
Asmae Benmansour-Ammour : Alors, j'ai hésité à parler de ce film… Il y a d'autres projets qui sont venus titiller ma curiosité avec bien plus d'enthousiasme… Mais ça fait deux épisodes de suite qu'on vous présente des romances de l'été, alors je vais me contenir aujourd'hui. Et on va plutôt parler de Maa, le prochain métrage de Kajol.
Elodie Hamidovic : Ah… Désolée, mais ce film craint, non ?
Asmae Benmansour-Ammour : Posons un peu de contexte… Maa est un film qui s'inscrit dans le genre horrifique et dans lequel Kajol interprètera une incarnation de la déesse Kali, qui se manifeste pour protéger sa fille de créatures maléfiques… Vous l'aurez compris, on a ici droit à un énième récit sur la mère sacrificielle, avec des liens assez lourdingues avec la religion hindoue.
Elodie Hamidovic : D'ailleurs, tu nous réserve très prochainement une investigation sur l'iconographie religieuse au cinéma indien, alors soyez attentifs à nos réseaux sociaux !
Asmae Benmansour-Ammour : Tout à fait ! Maa vient notamment faire suite au succès surprise d'un autre film d'horreur sorti l'an dernier : Shaitaan, avec son mari, Ajay Devgn au casting. Pour ce nouveau projet, il enfile cette fois la casquette de producteur pour ce récit réalisé par Vishal Furia, qui n'est pas novice dans ce registre.
Elodie Hamidovic : En effet, on lui doit déjà plusieurs films, dont Chhorii, qui était déjà un film de genre !
Asmae Benmansour-Ammour : Et justement ! Au-delà du film en lui-même qui, de part sa bande-annonce dévoilée il y a quelques semaines, me laisse un peu de glace… Ce qui est intéressant, c'est cet engouement de plus en plus prégnant pour le cinéma de genre à Bollywood. On a de plus en plus de films d'horreur, de films de science-fiction, de dystopie… Bref, des registres qui étaient vus comme une niche il y a 15 ans et qui sont désormais un argument marketing pour assurer un succès au box-office !
Elodie Hamidovic : Si j'ai franchement des doutes sur la qualité de Maa, dont l'intrigue s'annonce téléphonée au possible, c'est toutefois encourageant de voir que les films de genre s'imposent en Inde et deviennent désormais mainstream. Alors peut-être qu'au milieu de dizaines de Maa ou de Shaitaan, on aura droit à quelques pépites à la Bulbbul ou à la Tumbbad.
Asmae Benmansour-Ammour : Gardons espoir, il ne nous reste plus que ça !
Elodie Hamidovic : Et c'est tout pour aujourd'hui, merci de nous avoir écouté !
Asmae Benmansour-Ammour : C'est sur la mélodie de « Naamumkin » du film Maalik que l'on se quitte. L’occasion pour moi de vous rappeler que ce film de gangster avec Rajkummar Rao et Manusha Chhillar dans les rôles principaux sortira en Inde le 11 juillet prochain !
Elodie Hamidovic : Oh il me soule Rajkummar Rao ! Paumé, le gars…
Asmae Benmansour-Ammour : J'avoue, il tente tout ce qui est susceptible de marcher auprès des masses en termes de registre, mais rien ne semble prendre !
Miskine…
Crédits :
Hosts : Elodie Hamidovic & Asmae Benmansour-Ammour
Texte : Elodie Hamidovic & Asmae Benmansour-Ammour
Retranscription : Asmae Benmansour-Ammour
Design : Elodie Hamidovic
Montage et mixage son : Elodie Hamidovic