Bolly&co Magazine

Critique de War 2, l'espion sous Lexomil...

21 août 2025
critique War 2 bollywood Hrithik Roshan NTR Jr
J’avais beaucoup apprécié le premier War, sorti en 2019. Entre son action improbable et ses duels de testostérone, le film assumait un divertissement pop-corn franchement réjouissant. Mieux : je me suis laissée porter par la plupart des opus de ce grand univers étendu d’espions ‘made in Yash Raj Films’, qu’il s’agisse de la déferlante Pathaan ou de la saga musclée Tiger. Autant dire que j’étais prête à embarquer pour War 2 avec un capital sympathie XXL, prête à pardonner bien des excès…

Sauf qu’ici, même la nostalgie n’a pas résisté au naufrage.



Soyons clairs : si War ressemblait déjà à une orgie homo-érotique dopée aux effets numériques, il avait au moins l’avantage d’assumer son non-sens avec un certain panache. De son côté, War 2 revient cinq ans plus tard avec la prétention d’un Mission Impossible version Bollywood, mais n'a en fait que l’énergie d’un téléfilm du mardi après-midi sur NT1.

L'immense Hrithik Roshan reprend ici son rôle avec une conviction qui ferait passer une figurine en cire du musée Madame Tussauds pour un modèle de subtilité.

Son jeu tient en une partition simple : plissage des yeux. Ah, ce plissement mythique, oscillant entre la menace, la surprise et… de probables flatulences. Autrement dit : Kabir est désormais un emoji mal calibré. Un comble quand on connaît le potentiel dantesque du comédien, qui opère désormais en pilote automatique. Entre donc NTR, superstar du cinéma télougou qui marque avec ce métrage sa première apparition à Bollywood, qui semble être le seul acteur à avoir terminé – ou même assisté à - la répétition générale. Charismatique, habité, drôle quand il faut, intense quand le scénario - enfin, ce qu’il en reste - le permet… Il fait ce que Hrithik a oublié de faire, à savoir… jouer. A côté de lui, c’est comme regarder un lion danser avec un arbre en plastique. Et devinez quoi : dans la séquence musicale « Janaab e Aali », rare atout du film, NTR réussit même à voler la vedette à celui qu’on présente pourtant comme le dieu de la danse...

Ayan Mukerji, cinéaste sensible en comédie romantique, n’a manifestement jamais tenu une caméra dans un film d’action sans trembler.

Résultat : des séquences montées comme des trailers YouTube de fanboys pressés, avec un enrobage visuel digne d’un jeu vidéo PS2. On croyait avoir touché le fond avec Expendables 3, et pourtant, War 2 parvient à creuser encore plus profondément ! Les retournements de situation donnent envie de s’exclamer : « Mais sérieux ?! » et pas dans le bon sens. Ajoutez un vernis de moraline douteuse : le riche brahmane noble et naturellement bon, opposé au garçon des bas fonds vénal… Bref, côté nuance, on repassera. Mais bon, au moins, pas d’islamophobie primaire ou de propagande anti-Pakistan. Quelle audace !

Quant à Kiara Advani, elle fait office de figurante chic avec son brushing impeccable et ses poses lascives en bikini. Sur le papier, son personnage aurait pu porter un enjeu dramatique fort. En pratique ? Elle est reléguée au rang de plante verte premium. Sérieusement, Bollywood : pourquoi toujours éviter les antagonistes féminines ? Ah oui, peut-être que ça ferait de l’ombre aux messieurs qui se battent pour déterminer lesquels disposent de l’ego le plus vascularisé.

Les affrontements sont par ailleurs d’une mollesse effroyable.

Aucun punch, aucune physicalité... Quand deux personnages se collent des beignes sans qu’on ressente la moindre douleur, on n’est plus dans l’action, mais dans le mime Marceau sponsorisé par Marvel. Le climax sonne le glas de ce carnage en 4K HDR, se résumant à un gigantesque concours de bites métaphorique. Résultat ? Zéro enjeu, zéro tension. Juste deux types bronzés qui se regardent dans le blanc des yeux - toujours plissés, dans le cas de Hrithik.

En conclusion



Si Pathaan était du fast-food filmique complètement assumé, War 2 est du surgelé réchauffé au micro-ondes avec prétention gastronomique. Un gloubiboulga visuel, scénaristique et artistique : informe, indigeste et parfaitement oubliable. Heureusement que NTR et Hearty Singh – qui incarne l'antagoniste dans une séquence de flashbacks – nous extirpent de notre sommeil, que la bande-originale est plutôt sympathique et que Hrithik ne s’est pas soudainement mis à rapper, sinon on tenait probablement le nanar ultime.

War 2, en salles depuis le 14 août.
Une sortie EpicXperience.

LA NOTE: 2/5

mots par
Asmae Benmansour-Ammour
« Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même. »
lui écrire un petit mot ?