Bolly&co Magazine

Critique de Baaghi 4, de l’art de mourir d’ennui…

11 septembre 2025
critique Tiger Shroff Bollywood Baaghi 4
Pourquoi m’infliger le dernier film de Tiger Shroff quand on connaît mon désamour pour ce dernier ? Par devoir journalistique ? Curiosité malsaine ? Masochisme ? Un peu de tout cela à la fois. Mais surtout parce que j’aime mon mari qui, lui, aime beaucoup les films de merde. Et Tiger est devenu à ses yeux l’empereur du nanar indien, le Zinédine Zidane de la bouse décomplexée, le Khamzat Chimaev de la médiocrité ! La bande-annonce donnait déjà le ton du sinistre, mais le résultat est finalement encore pire…

Ainsi, je crois avoir enfin trouvé la limite de ma patience cinéphile, sous le doux nom de Baaghi 4.



Quatrième volet d’une saga déjà essoufflée depuis le premier essai, voici donc le come-back de l’inénarrable Tiger Shroff, propulsé cette fois dans un remake non officiel du film tamoul Ainthu Ainthu Ainthu parce qu’apparemment, à Bollywood, l’idée originale est devenue aussi rare que la qualité dans un film d’Akshay Kumar. Aux commandes, A. Harsha, transfuge du cinéma kannada qui, pour sa première virée à Bollywood, nous offre une sorte de pot-pourri indigeste où tout le monde a l’air de s’ennuyer, à commencer par moi !

L’actrice punjabi Sonam Bajwa, recyclée en prostituée au grand cœur, offre un jeu que je qualifierais de… plastique. Littéralement. Comme une poupée Mattel. De son côté, l’ancienne Miss Univers Harnaaz Sandhu débute en grande pompe avec un rôle schizophrène : incarnation fainéante du trope narratif de la "femme dans le frigo” comme pour nous rappeler que certains ne savent toujours pas écrire des rôles féminins, puis pseudo-matarazzo sulfureuse façon Kill Bill du pauvre… Résultat ? Une coquille vide qui titre badass mais sonne creux à chaque scène.

Tiger Shroff, fidèle à lui-même, distribue les mêmes high kicks qu’en 2016, avec juste assez de frousse pour feindre l’intention.

Mais le résultat demeure hélas bien maigre, comme toujours. Quant à Sanjay Dutt, on sentait dès l’affiche qu’il ne signerait pas pour autre chose que son chèque. Fatigué, vidé, il traverse le film comme on subit sa gueule de bois un dimanche matin, la bagarre finale interminable devenant littéralement un supplice.

Le pitch constitue un mélange grossier entre Kabir Singh et Ghajini, mais sans âme ni saveur. Traduit concrètement : un grand bordel désincarné qui empile clichés, incohérences, poncifs et dialogues qu’aurait pu générer un bot sous caféine. Même les seconds rôles, repêchés du casting de Animal, sombrent dans le grotesque : caricatures qui feraient passer les figurants de Mithun Chakraborty époque nanar pour du Satyajit Ray. Toutefois, Saurabh Sachdeva et Upendra Limaye se donnent au moins la peine d’incarner leurs seconds rôles avec élan.

Visuellement, c’est également le désastre ! Avec un budget de 70 crores - soit près de 7 millions d’euros, on pourrait s'attendre à autre chose qu’un épisode filler de web-série bon marché.

Photographie inexistante, mise en scène absente, montage désordonné : le métrage tout entier ressemble à un devoir bâclé d’élève de première année en école de cinéma. On rit parfois, mais pas quand le film le demande ! Les éclats de rire viennent des séquences supposées épiques, devenues par magie de purs moments de comique involontaire. C’est déjà ça de pris !

Le pompon ? La séquence musicale “Yeh Mera Husn”, parce que clairement, on y frôle le plagiat ! On dirait effectivement un “Besharam Rang” du pauvre : la voix féminine - au demeurant sublime - de Shilpa Rao prête ses cordes à une séquence de carte-postale avec naïade en bikini, chorégraphie minimaliste et même un Sanjay Dutt perruqué qui copie honteusement Shahrukh Khan. J’ai failli m’étouffer de rire. Ou de gêne. Je ne sais plus trop, à ce stade.

En conclusion



Baaghi 4 est le pire film de la franchise et vu le niveau initial, la barre était déjà bien basse... Chorégraphies martiales sans queue ni tête, variations de ton ridicules, scénario crétin, visuel hideux. On ne tient pas une série B attendrissante, mais un pur navet, cringe à souhait, chaotique jusqu’à l’os… Non, vraiment, j’ai trop souffert !

Baaghi 4, en salles depuis le 5 septembre 2025
Une sortie Friday Entertainment

LA NOTE: 1/5

mots par
Asmae Benmansour-Ammour
« Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même. »
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