Bolly&co Magazine

Critique de Param Sundari, ou la superficialité d'une romance sans racines...

8 septembre 2025
critique Param Sundari Sidharth Malhotra et Janhvi Kapoor Bollywood Romance
Param Sundari, censé tisser une ode aux différences culturelles entre Nord et Sud de l’Inde, ne livre hélas qu’un pensum paresseux et frustrant, distribué en France le 29 août 2025 dans l’indifférence de ceux qui espéraient que la comédie romantique hindi puisse se réinventer… Ce ne sera malheureusement pas pour aujourd'hui !

L’histoire promet pourtant un choc fascinant entre un entrepreneur punjabi (Param) et une danseuse kéralaise (Sundari), le tout sur fond d’application de rencontres censée transcender la technologie pour célébrer l’humain... Mais dès le script, tout s’effondre : on retrouve des situations archi-vues, du quiproquo numérique aux pirouettes de scénario parfois absurdes, toujours attendues. Aucune surprise, zéro enjeu, ni sur le plan sentimental, ni sur le fond culturel. Les dialogues sur la volonté d’émancipation de Param ou sur la passion de Sundari pour la danse ne sont que des notes égarées, jamais exploitées. Le métrage échoue même à donner du sens à ses propres pistes narratives, ouvre des portes pour mieux les laisser béantes et inertes. Tout juste a-t-on l’impression d’une conférence sur la fête d’Onam ou d’un clin d’œil obligé à Mohanlal, mais jamais l'on ne nous propose une véritable immersion.

Le plus douloureux tient dans le traitement des personnages : toutes et tous sont prisonniers de leurs archétypes, caricaturaux même dans la caricature qu'ils incarnent.

Renji Panicker, acteur hautement respecté de Mollywood, est sacrifié sur l’autel du gag, transformé en version carton-pâte de l’oncle malayali, criant ou gesticulant pour rien. Le fringuant Manjot Singh, dont le rôle secondaire démontre sincérité et courage - allant jusqu’à apprendre le malayalam par amour, là où le héros ne fait rien - est expédié comme un détail superflu. C’est d’autant plus flagrant quand la romance principale ne propose que posture vaine et regards vides, à peine soutenus par son écriture fatiguée.

Il faut toutefois sauver la prestation de Jahnvi Kapoor qui, malgré un jeu parfois imprécis et des maladresses de diction flagrantes, fait l’effort d’incarner Sundari jusque dans un malayalam imparfait – un engagement honnête qui tranche avec le reste.

Car de son côté, Sidharth Malhotra apparaît comme le vrai désastre du métrage : jamais à sa place, plombé par une écriture dépassée et une absence abyssale de présence. Son Param, censé incarner la fraîcheur et la rébellion, évoque surtout une erreur de casting tragique, et le spectateur passe la séance à rêver de ce qu’auraient donné des acteurs investis comme Ranveer Singh ou Vicky Kaushal à sa place.

Derrière la caméra, Tushar Jalota expédie la partition à la seule gloire des offices du tourisme du Kérala.

Les plans sont jolis, bien cadrés, mais n’ont absolument aucune identité ni la moindre ambition cinématographique. Le Kérala n’est ici qu’un panneau publicitaire figé, jamais le personnage ou le décor vivant qu'il avait l'incontestable potentiel de devenir. Param Sundari ne propose aucun regard, aucune approche, pas même cette tension visuelle qui rendrait hommage à la culture locale. Et lorsque quelques intégrations de VFX surgissent, ce n’est que pour nous rappeler cruellement l’absence de soin du résultat global.

Promettant d’allier les cultures pendjabies et kéralaises, le récit n’en fait strictement rien, se contentant d’asséner clichés, surnoms déplacés (“Mallu”, “Madrasi”) et folklore de surface – noix de coco, machettes, Onam et sports de combat casés de façon mal inspirée. Le Kérala est relégué au rang de gadget, jamais célébré ni compris, à rebours d’un cinéma local bien plus subtil et engagé.

L’album signé Sachin-Jigar, grand argument de promo pré-sortie, s’écoute sans déplaisir.

Il peut par ailleurs faire illusion à l'audio : "Bheegi Saree", "Chand Kagaz Ka" et "Danger" apportent du réconfort quand tout s’écroule à l’écran, par exemple... Mais aucun de ces titres n’incarne la promesse d’un pont musical entre Nord et Sud. Les chansons ne dialoguent jamais avec l’intrigue, ne nourrissent pas l’histoire. Elles ne sont là que pour rythmer artificiellement un récit vide. La bande-son, entêtante certes, ne peut donner de l’âme à un métrage qui en manque terriblement.

En conclusion



Param Sundari n’est ni un hommage à la culture ni une love story crédible. Il recycle, empile, joue faux - à l’image de ses personnages jamais rendus vivants. Le spectateur sort d’abord diverti, puis vidé, attristé qu’un tel potentiel soit à ce point gâché. Impossible de croire à l’alchimie entre Param et Sundari. Aussi, le plaisir de la musique s’estompe dès qu’on réalise qu’elle n’accompagne rien qui la mérite. Au final, l’oubli plane sur cette production sans direction, sans conviction, sans cœur…

Param Sundari, en salles depuis le 29 août 2025
Une sortie Friday Entertainment

LA NOTE: 5/5

mots par
Asmae Benmansour-Ammour
« Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même. »
lui écrire un petit mot ?