Critique : Brahmastra : Part One - Shiva (★★★☆☆)
13 septembre 2022
Vendredi soir, je suis allée découvrir en salles Brahmastra : Part One - Shiva, nouveau film d’Ayan Mukerji avec Ranbir Kapoor et Alia Bhatt dans les rôles principaux. Un visionnage comme un autre, me direz-vous ? Non. Pas du tout, en fait. Parce que ce film, qui est le fruit de 11 années de travail pour son réalisateur et de 5 ans d’attente depuis l’annonce du projet en 2017, n’a jamais vocation à être comme les autres.
Car en effet, si les films de superhéros sont légion aux Etats-Unis, c’est beaucoup plus compliqué en Inde. Et si l’on omet quelques tentatives fructueuses ou atypiques comme Bhavesh Joshi Superhero et Minnal Murali (à ce sujet, je vous renvoie au dossier très complet de notre rédactrice Fatima-Zahra), la plupart des films du genre produits au sous-continent sont franchement dispensables !
C’est en tout cas ce que nous vend son réalisateur Ayan Mukerji, en ayant travaillé avec des équipes d’effets spéciaux du monde entier, et en n’ayant pas hésité à retourner de nombreuses scènes pour les rendre plus à la pointe des technologies actuelles. Dans l’intervalle, les acteurs principaux Ranbir Kapoor et Alia Bhatt se marient, puis annoncent dans la foulée attendre leur premier enfant. Et soyons très honnêtes deux minutes, l’essentiel de la promotion de Brahmastra s’est appuyée sur leur couple. Le casting secondaire (si l’on omet Nagarjuna, pour des raisons que j’expliquerai plus tard) a été écarté des actions promotionnelles, dont le grand absent n’était autre que l’immense Amitabh Bachchan.
Tout simplement parce que le deuxième angle d’attaque de l’équipe de Brahmastra, ça a été de surfer sur le plébiscite immense du film télougou RRR (dans lequel Alia Bhatt figurait), sorti en mars dernier. Et que ça convie le réalisateur S.S. Rajamouli et la star NTR Jr pour vanter les mérites du film à venir, et que ça met en avant Nagarjuna lors de plusieurs événements promotionnels, et que ça demande à Alia de chanter (à plusieurs occasions) la version télougoue du tube “Kesariya”... C’était tellement lourd ! A tel point que j’ai commencé à me demander si Brahmastra valait vraiment le coup. Car après tout, si le film est bon, il se suffit à lui-même ! Il n’a pas besoin d’avoir recours à des techniques aussi désespérées !
Pour autant, une part de moi a quand même envie d’y croire. Parce que si Brahmastra est à la hauteur, il pourrait changer la face du cinéma de Bollywood. Il faut avoir à l’esprit que niveau box-office, le cinéma hindi est engagé dans une longue traversée du désert, avec plusieurs de ses gros projets qui ont été boudés par le public. Brahmastra pourrait donc permettre à Bollywood de retrouver de sa superbe.
Lorsque je m’installe au Gaumont Saint Denis pour découvrir le métrage, je n’ai qu’une hâte : voir ce que donne cet opus ambitieux pour lequel j’ai attendu plus de 5 ans.
Oui, je rentre directement dans l’une des forces du film selon moi : les seconds couteaux de Brahmastra sont tous irréprochables, sans exception. Qu’il s’agisse d’un Amitabh Bachchan au top de sa forme, de la star télougou Nagarjuna qui livre ici une prestation remarquée ou de l’apparition surprise de Shahrukh Khan en scientifique charismatique, tous apportent leur chaleureuse contribution au tableau épique d’Ayan Mukerji. Et franchement, c’est un tel plaisir de voir de si grands noms du cinéma indien s’unir pour servir un blockbuster familial !
Et là, je ne comprends pas. On doit les répliques de Brahmastra à Hussain Dalal, qui avait déjà écrit les dialogues du précédent film d’Ayan Mukerji, le magnifique Yeh Jawaani Hai Deewani. Et dans le film de 2013, ça fonctionnait à merveille ! Hussain avait saisi les émotions de tous ses personnages et les avait retranscrites à merveille dans leurs mots. Ici, c’est absolument catastrophique ! Tous les propos des héros donnent l’impression de sortir d’un soap opera des années 1970, avec des répliques aussi inspirées que…
“Ohlala, je ne veux pas rester ici, Gourou. C’est trop dangereux !
- Tu dois rester ici, Shiva. Nous avons besoin de toi.
- Non, je veux savoir qui sont mes parents.
- Il n’y a qu’un moyen pour toi de savoir qui sont tes parents, Shiva.
- Lequel, Gourou ?
- Tu dois rester ici.
- Rester ici ? Quoi ? Mais c’est du chantage, Gourou !”
Bref, j’ai mal au crâne.
L’actrice, surtout connue pour ses contributions à la télévision hindi, est absolument parfaite dans la peau de l’antagoniste Junoon. Vraiment, elle est pour moi la révélation de Brahmastra et sa prestation sera une excellente surprise pour tous les amateurs du genre. Elle capte tous les enjeux de son personnage en un regard. Elle exploite sa physicalité et ses traits singuliers pour incarner avec vivacité la grande méchante de l’histoire. Et j’espère sincèrement qu’on la retrouvera dans d’autres projets de cette envergure. En somme, Mouni Roy est le meilleur choix de casting de Brahmastra !
Hélas, pas sûre qu’on puisse en dire autant du côté de Ranbir… Déjà, parce que l’acteur de 40 ans est trop vieux pour le rôle ! Désolée. Mais si ce n’était que ça, le problème… Pas aidé par les dialogues pourris qu’on lui demande de déglutir, Ranbir livre un protagoniste quelque peu désincarné. Et s’il y a quelques scènes à enjeux dans lesquelles il se débrouille, je n’ai pas arrêté de penser que d’autres comédiens auraient sûrement fait bien mieux que lui…
“Ah, j’aurais bien vu Ranveer Singh ou Vicky Kaushal dans le rôle… Ou même Ishaan Khattar !”
Et si j’en viens à imaginer quelqu’un d’autre pendant la séance, c’est qu’on peut légitimement qualifier Ranbir Kapoor d’erreur de casting. Je crois d’ailleurs que le responsable, c’est Ayan Mukerji lui-même. Trop content de retrouver son pote de longue date pour ce projet ambitieux, qui l’a soutenu pour son premier film Wake Up Sid et qui a accepté de rempiler pour Yeh Jawaani Hai Deewani, j’ai l’impression que le cinéaste en a oublié de choisir son acteur principal par souci de pertinence. C’est dommage car à trop vouloir faire plaisir à un ami, Ayan gâche quelque peu ce qu’aurait pu être Shiva.
La bande-originale de Pritam est très efficace, avec des titres catchy comme “Kesariya” ou “Deva Deva”. Quant aux musiques de fond du compositeur anglais Simon Franglen, elles donnent du corps aux séquences dramatiques du métrage et lui apportent cette touche épique si importante dans un tel film !
Je pense qu’on a compris avec ce film que Ranbir Kapoor et Alia Bhatt viennent de se marier. Oui, c’est assez clair. Relou, mais clair. Mais oui enfin, regardez-les se dévorer du regard pendant la moitié du film ! Le problème, c’est qu’à vouloir à ce point capitaliser sur eux, le film s’égare en nous imposant une romance mièvre qui plombe le film. D’ailleurs, et ce n’est que mon avis, je ne leur trouve pas une alchimie particulièrement saisissante. Alia fonctionne beaucoup mieux à l’écran avec Varun Dhawan par exemple, tout comme je trouvais le jodi formé par Ranbir et Deepika Padukone bien plus efficace.
Bon, je vais mettre un peu de nuance dans mon propos. L’univers esthétique d’Ayan Mukerji est imparfait, avec des incohérences narratives qui peuvent vous sortir du film. Ça n'a heureusement pas été mon cas. Sûrement parce que j’ai été enchantée par la tentative, par le courage du cinéaste de se lancer dans un bazar aussi casse-gueule. Si les VFX sont en dents de scie, je salue sincèrement l’effort de produire quelque chose de relativement abouti, avec de vraies idées visuelles qui ne cherchent jamais à pomper ce qui s’est fait en Occident. Aussi, je pense que l’Astraverse a un énorme potentiel en tant qu’univers étendu, ce qui me donne surtout envie de découvrir ce que donnera la suite annoncée : Brahmastra : Part Two - Dev.
Et là, on touche selon moi au plus gros défaut du film. Le principe même d’une œuvre de fiction, c’est de livrer des personnages (bons ou mauvais) auxquels on va un minimum s’intéresser, et dans l’idéal s’attacher. Et pour ça, il nous faut comprendre un tant soit peu qui ils sont, quelles sont les émotions et les motivations qui les animent. Tout cela afin d’être tenté de suivre leurs aventures pendant 2h30 de bobine, voire sur une longue saga filmique. Et c’est pour ça que je m’inquiète pour la suite du projet Brahmastra : le personnage de Shiva est d’une vacuité effarante ! On ne sait rien de lui, si ce n’est qu’il rentre de nouveau dans l’archétype du héros orphelin.
Face à lui, Alia Bhatt est la jolie donzelle dont le héros s’éprend. Elle incarne Isha, une fille de la haute société qui suit Shiva (qu’elle connait depuis 3 minutes) comme un caniche. On ne sait rien d’Isha, de ce qui l’amène à craquer pour Shiva, ni ce qui lui donne envie de s’embarquer dans autant de galères ! Et que dire de leur romance, qui sort de nulle part et qui pollue la pellicule ? Car si c’était uniquement une trame secondaire, ça ne m’aurait pas vraiment posé de problème. On a déjà vu ça dans des tonnes de films de super-héros. Mais là, on nous vend la love story comme le cœur de Brahmastra. Du coup, si on ne comprend même pas d’où elle sort, on ne peut pas saisir en quoi elle est cruciale pour le développement du protagoniste.
Et je vous avoue que j’avais très peur ! Car on sent à Bollywood une tendance assez toxique à glorifier la religion hindoue pour mieux diaboliser d’autres croyances, l’Islam en tête. Si les liens entre les Astras de Brahmastra et la mythologie hindoue sont évidents, ils sont avant tout intéressants et pertinents. Plus que tout, ils ne jouent jamais sur une dichotomie malsaine avec d’autres religions. Bref, si vous pensiez (comme moi) que Brahmastra allait entretenir la haine envers les musulmans prônée par le gouvernement Modi, vous avez tort !
Personnellement, j’ai très envie de voir cet univers développé sur des suites malgré les défauts évidents de ce premier volet. Ayan Mukerji a matière à créer un univers filmique vraiment saisissant, et précurseur dans le genre du superhero movie, que ce soit en Inde ou à l'international ! Dans l’attente, un grand merci à Night ED Films de nous avoir permis de voir ce film tant attendu en salles obscures.
Car en effet, si les films de superhéros sont légion aux Etats-Unis, c’est beaucoup plus compliqué en Inde. Et si l’on omet quelques tentatives fructueuses ou atypiques comme Bhavesh Joshi Superhero et Minnal Murali (à ce sujet, je vous renvoie au dossier très complet de notre rédactrice Fatima-Zahra), la plupart des films du genre produits au sous-continent sont franchement dispensables !
C’est pourquoi, indépendamment de ce qu’il vaut en tant qu'œuvre filmique, Brahmastra s’annonce comme une contribution importante au genre.
C’est en tout cas ce que nous vend son réalisateur Ayan Mukerji, en ayant travaillé avec des équipes d’effets spéciaux du monde entier, et en n’ayant pas hésité à retourner de nombreuses scènes pour les rendre plus à la pointe des technologies actuelles. Dans l’intervalle, les acteurs principaux Ranbir Kapoor et Alia Bhatt se marient, puis annoncent dans la foulée attendre leur premier enfant. Et soyons très honnêtes deux minutes, l’essentiel de la promotion de Brahmastra s’est appuyée sur leur couple. Le casting secondaire (si l’on omet Nagarjuna, pour des raisons que j’expliquerai plus tard) a été écarté des actions promotionnelles, dont le grand absent n’était autre que l’immense Amitabh Bachchan.
Mais alors, pourquoi Nagarjuna a pu jouer le jeu de la promo, contrairement à ses partenaires ?
Tout simplement parce que le deuxième angle d’attaque de l’équipe de Brahmastra, ça a été de surfer sur le plébiscite immense du film télougou RRR (dans lequel Alia Bhatt figurait), sorti en mars dernier. Et que ça convie le réalisateur S.S. Rajamouli et la star NTR Jr pour vanter les mérites du film à venir, et que ça met en avant Nagarjuna lors de plusieurs événements promotionnels, et que ça demande à Alia de chanter (à plusieurs occasions) la version télougoue du tube “Kesariya”... C’était tellement lourd ! A tel point que j’ai commencé à me demander si Brahmastra valait vraiment le coup. Car après tout, si le film est bon, il se suffit à lui-même ! Il n’a pas besoin d’avoir recours à des techniques aussi désespérées !
Pour autant, une part de moi a quand même envie d’y croire. Parce que si Brahmastra est à la hauteur, il pourrait changer la face du cinéma de Bollywood. Il faut avoir à l’esprit que niveau box-office, le cinéma hindi est engagé dans une longue traversée du désert, avec plusieurs de ses gros projets qui ont été boudés par le public. Brahmastra pourrait donc permettre à Bollywood de retrouver de sa superbe.
Lorsque je m’installe au Gaumont Saint Denis pour découvrir le métrage, je n’ai qu’une hâte : voir ce que donne cet opus ambitieux pour lequel j’ai attendu plus de 5 ans.
Alors, qu’est-ce qui marche ? Qu’est-ce qui est raté ? Je vous explique ça tout de suite…
Ce qui fonctionne : le casting secondaire.
Oui, je rentre directement dans l’une des forces du film selon moi : les seconds couteaux de Brahmastra sont tous irréprochables, sans exception. Qu’il s’agisse d’un Amitabh Bachchan au top de sa forme, de la star télougou Nagarjuna qui livre ici une prestation remarquée ou de l’apparition surprise de Shahrukh Khan en scientifique charismatique, tous apportent leur chaleureuse contribution au tableau épique d’Ayan Mukerji. Et franchement, c’est un tel plaisir de voir de si grands noms du cinéma indien s’unir pour servir un blockbuster familial !
Ce qui ne fonctionne pas : les dialogues.
Et là, je ne comprends pas. On doit les répliques de Brahmastra à Hussain Dalal, qui avait déjà écrit les dialogues du précédent film d’Ayan Mukerji, le magnifique Yeh Jawaani Hai Deewani. Et dans le film de 2013, ça fonctionnait à merveille ! Hussain avait saisi les émotions de tous ses personnages et les avait retranscrites à merveille dans leurs mots. Ici, c’est absolument catastrophique ! Tous les propos des héros donnent l’impression de sortir d’un soap opera des années 1970, avec des répliques aussi inspirées que…
“Ohlala, je ne veux pas rester ici, Gourou. C’est trop dangereux !
- Tu dois rester ici, Shiva. Nous avons besoin de toi.
- Non, je veux savoir qui sont mes parents.
- Il n’y a qu’un moyen pour toi de savoir qui sont tes parents, Shiva.
- Lequel, Gourou ?
- Tu dois rester ici.
- Rester ici ? Quoi ? Mais c’est du chantage, Gourou !”
Bref, j’ai mal au crâne.
Ce qui fonctionne : Mouni Roy.
L’actrice, surtout connue pour ses contributions à la télévision hindi, est absolument parfaite dans la peau de l’antagoniste Junoon. Vraiment, elle est pour moi la révélation de Brahmastra et sa prestation sera une excellente surprise pour tous les amateurs du genre. Elle capte tous les enjeux de son personnage en un regard. Elle exploite sa physicalité et ses traits singuliers pour incarner avec vivacité la grande méchante de l’histoire. Et j’espère sincèrement qu’on la retrouvera dans d’autres projets de cette envergure. En somme, Mouni Roy est le meilleur choix de casting de Brahmastra !
Ce qui ne fonctionne pas : Ranbir Kapoor.
Hélas, pas sûre qu’on puisse en dire autant du côté de Ranbir… Déjà, parce que l’acteur de 40 ans est trop vieux pour le rôle ! Désolée. Mais si ce n’était que ça, le problème… Pas aidé par les dialogues pourris qu’on lui demande de déglutir, Ranbir livre un protagoniste quelque peu désincarné. Et s’il y a quelques scènes à enjeux dans lesquelles il se débrouille, je n’ai pas arrêté de penser que d’autres comédiens auraient sûrement fait bien mieux que lui…
“Ah, j’aurais bien vu Ranveer Singh ou Vicky Kaushal dans le rôle… Ou même Ishaan Khattar !”
Et si j’en viens à imaginer quelqu’un d’autre pendant la séance, c’est qu’on peut légitimement qualifier Ranbir Kapoor d’erreur de casting. Je crois d’ailleurs que le responsable, c’est Ayan Mukerji lui-même. Trop content de retrouver son pote de longue date pour ce projet ambitieux, qui l’a soutenu pour son premier film Wake Up Sid et qui a accepté de rempiler pour Yeh Jawaani Hai Deewani, j’ai l’impression que le cinéaste en a oublié de choisir son acteur principal par souci de pertinence. C’est dommage car à trop vouloir faire plaisir à un ami, Ayan gâche quelque peu ce qu’aurait pu être Shiva.
Ce qui fonctionne : la musique.
La bande-originale de Pritam est très efficace, avec des titres catchy comme “Kesariya” ou “Deva Deva”. Quant aux musiques de fond du compositeur anglais Simon Franglen, elles donnent du corps aux séquences dramatiques du métrage et lui apportent cette touche épique si importante dans un tel film !
Ce qui ne fonctionne pas : Ranbir et Alia, le star power qui fait plouf.
Je pense qu’on a compris avec ce film que Ranbir Kapoor et Alia Bhatt viennent de se marier. Oui, c’est assez clair. Relou, mais clair. Mais oui enfin, regardez-les se dévorer du regard pendant la moitié du film ! Le problème, c’est qu’à vouloir à ce point capitaliser sur eux, le film s’égare en nous imposant une romance mièvre qui plombe le film. D’ailleurs, et ce n’est que mon avis, je ne leur trouve pas une alchimie particulièrement saisissante. Alia fonctionne beaucoup mieux à l’écran avec Varun Dhawan par exemple, tout comme je trouvais le jodi formé par Ranbir et Deepika Padukone bien plus efficace.
Ce qui fonctionne : l’Astraverse.
Bon, je vais mettre un peu de nuance dans mon propos. L’univers esthétique d’Ayan Mukerji est imparfait, avec des incohérences narratives qui peuvent vous sortir du film. Ça n'a heureusement pas été mon cas. Sûrement parce que j’ai été enchantée par la tentative, par le courage du cinéaste de se lancer dans un bazar aussi casse-gueule. Si les VFX sont en dents de scie, je salue sincèrement l’effort de produire quelque chose de relativement abouti, avec de vraies idées visuelles qui ne cherchent jamais à pomper ce qui s’est fait en Occident. Aussi, je pense que l’Astraverse a un énorme potentiel en tant qu’univers étendu, ce qui me donne surtout envie de découvrir ce que donnera la suite annoncée : Brahmastra : Part Two - Dev.
Ce qui ne fonctionne pas : la caractérisation des héros.
Et là, on touche selon moi au plus gros défaut du film. Le principe même d’une œuvre de fiction, c’est de livrer des personnages (bons ou mauvais) auxquels on va un minimum s’intéresser, et dans l’idéal s’attacher. Et pour ça, il nous faut comprendre un tant soit peu qui ils sont, quelles sont les émotions et les motivations qui les animent. Tout cela afin d’être tenté de suivre leurs aventures pendant 2h30 de bobine, voire sur une longue saga filmique. Et c’est pour ça que je m’inquiète pour la suite du projet Brahmastra : le personnage de Shiva est d’une vacuité effarante ! On ne sait rien de lui, si ce n’est qu’il rentre de nouveau dans l’archétype du héros orphelin.
Face à lui, Alia Bhatt est la jolie donzelle dont le héros s’éprend. Elle incarne Isha, une fille de la haute société qui suit Shiva (qu’elle connait depuis 3 minutes) comme un caniche. On ne sait rien d’Isha, de ce qui l’amène à craquer pour Shiva, ni ce qui lui donne envie de s’embarquer dans autant de galères ! Et que dire de leur romance, qui sort de nulle part et qui pollue la pellicule ? Car si c’était uniquement une trame secondaire, ça ne m’aurait pas vraiment posé de problème. On a déjà vu ça dans des tonnes de films de super-héros. Mais là, on nous vend la love story comme le cœur de Brahmastra. Du coup, si on ne comprend même pas d’où elle sort, on ne peut pas saisir en quoi elle est cruciale pour le développement du protagoniste.
Ce qui fonctionne : l’iconographie.
Et je vous avoue que j’avais très peur ! Car on sent à Bollywood une tendance assez toxique à glorifier la religion hindoue pour mieux diaboliser d’autres croyances, l’Islam en tête. Si les liens entre les Astras de Brahmastra et la mythologie hindoue sont évidents, ils sont avant tout intéressants et pertinents. Plus que tout, ils ne jouent jamais sur une dichotomie malsaine avec d’autres religions. Bref, si vous pensiez (comme moi) que Brahmastra allait entretenir la haine envers les musulmans prônée par le gouvernement Modi, vous avez tort !
En conclusion, Brahmastra : Part One - Shiva est une œuvre à voir absolument au cinéma, dans les conditions optimales de la salle !
Personnellement, j’ai très envie de voir cet univers développé sur des suites malgré les défauts évidents de ce premier volet. Ayan Mukerji a matière à créer un univers filmique vraiment saisissant, et précurseur dans le genre du superhero movie, que ce soit en Inde ou à l'international ! Dans l’attente, un grand merci à Night ED Films de nous avoir permis de voir ce film tant attendu en salles obscures.
LA NOTE: 3/5