#21 - RRR à la conquête des Golden Globes, sorties en masse pour cette semaine, Aamir Khan prépare son retour…
9 janvier 2023
Namaskar, Vanakkam, Namaskaram, Sat Sri Akal, Nomoshkar, Namaste le cinéma !
Asmae Benmansour-Ammour : Nous sommes le lundi 9 janvier 2023, et voici les actualités du grand et du petit écran indien, décryptées en exclusivité par Bolly&Co…
Salut Elodie ! Comment ça va, depuis le temps ?
Elodie Hamidovic : Salut Asmae ! Je suis très contente de te retrouver pour un nouvel épisode de notre podcast, après quelques semaines de repos bien méritées… Et comme tu le sais, j’en ai également profité pour finaliser de nouveaux projets, dont le lancement de notre première histoire originale : Netkal.
Asmae Benmansour-Ammour : Moi qui ai eu le privilège de la lire en avant-première, c’est un régal !
Elodie Hamidovic : C’est disponible sur Wattpad, avec un nouveau chapitre tous les lundis, mardis et vendredi !
Asmae Benmansour-Ammour : On en prend note !
Elodie Hamidovic : Et toi, alors ? Comment se sont passées les fêtes ?
Asmae Benmansour-Ammour : Très bien, j’ai fêté mon premier nouvel an auprès de mon mari ! Mais je n’ai pas chômé pour autant puisque je me suis lancée sur TikTok ! Vous pouvez me retrouver sur ce réseau sous le nom d'utilisateur @lameufdeBollyandco.
Elodie Hamidovic : J’ai vu ça et franchement, je sais que tu nous réserves plein de contenu extra sur le cinéma indien ! Oh, et j’ai failli oublier le plus important : bonne année !
Asmae Benmansour-Ammour : Merci ! Excellente année à toi aussi, ainsi qu’à nos fidèles auditeurs ! En nous souhaitant à tous amour, santé et films réjouissants !
Elodie Hamidovic : Et en espérant au passage que les métrages douteux et paresseux ne soient plus au programme de 2023 ! Asmae Benmansour-Ammour : D’ailleurs, l’année commence sur les chapeaux de roues car demain aura lieu à Los Angeles la prestigieuse cérémonie des Golden Globes, avec son parterre de stars et ses innombrables catégories. Parmi les vedettes pressenties qui en jettent, il y a notamment Viola Davis, Andrew Garfield, Brad Pitt, Zendaya ainsi que mon cher et tendre Colin Firth… Bref que du beau monde ! Et la raison pour laquelle je vous en parle, c’est parce que le film évènement RRR y est nommé par deux fois. Pour le prix du Meilleur Film Etranger d’abord, ainsi que pour le trophée de la Meilleure Chanson Originale.
Elodie Hamidovic : Ah, pour le tube “Naatu Naatu” ?
Asmae Benmansour-Ammour : Exactement ! Si vous n’avez pas vu RRR ou si une piqûre de rappel ne vous ferait pas de mal, “Naatu Naatu”, c’est ça ! Ce titre hyper vitaminé comme sa chorégraphie impressionnante pourraient donc bien marquer l’histoire. D’autant que RRR est également shortlisté pour les Oscars, également pour “Naatu Naatu”.
Elodie Hamidovic : Mais alors, que représentent ces nominations pour le cinéma indien ?
Asmae Benmansour-Ammour : Alors, il y a plusieurs grilles de lecture autour de ces mentions. La première est assez évidente. C’est effectivement une visibilité beaucoup trop rare qui est accordée au cinéma indien, et plus particulièrement au cinéma dravidien à travers les nominations de RRR. Car enfin, l’Occident ne regarde plus les films indiens comme des œuvres tertiaires mais comme les grands classiques qu’ils ont toujours été.
Elodie Hamidovic : Oui, mais ça, ça ne date pas vraiment d’aujourd’hui, quand on y réfléchit… Il suffit de voir le statut culte qu’ont atteint les films de Satyajit Ray ou bien de Mani Kaul, dont plusieurs des grands classiques sont justement sortis en France le 4 janvier dernier avec ED Distribution…
Asmae Benmansour-Ammour : Certes, mais ces métrages datent au plus tard des années 1980. Depuis, très peu de films indiens sont réellement parvenus à dépasser les frontières de l’Inde et des pays cibles habituels comme les Emirats, l’Europe de l’Est ou la Chine. Quelques films plutôt marketés comme indépendants ont fait parler d’eux, mais sans toutefois parvenir à pleinement fédérer.
Elodie Hamidovic : Tu penses à The Lunchbox, n’est-ce pas ?
Asmae Benmansour-Ammour : Entre autres, oui. Mais aussi à Masaan, à La Saison des Femmes et à Monsieur, qui ne sont toutefois pas allés jusqu'aux Golden Globes, ni jusqu’aux Oscars.
Elodie Hamidovic : Alors qu’ils l’auraient mérité…
Asmae Benmansour-Ammour : Absolument. Mais l’Inde a été ignorée pendant trop longtemps. Lorsque l’on regarde la production cinématographique mondiale, c’est absolument incompréhensible que des films comme Mard Ko Dard Nahi Hota, Gully Boy ou encore Gangs of Wasseypur n’aient jamais été ne serait-ce que mentionnés dans la course aux Oscars…
Elodie Hamidovic : Oui, ça avait presque un caractère injuste. Quand tu vois qu’en 2018, on donne l’Oscar du Meilleur Film à Green Book alors que la même année, il y a le phénoménal Andhadhun qui est sorti… Bah ça questionne.
Asmae Benmansour-Ammour : C’est tout à fait ça. On sait que depuis toujours, les Oscars et les Golden Globes sont très ethnocentrés, avec la très large partie de leurs nominations axées sur des films en langue anglaise et, au mieux, sur le cinéma européen. Alors en effet, depuis le succès énorme du film coréen Parasite, quelques films d’Asie de l’est se sont faits une jolie place lors de ces cérémonies, comme Minari et Drive My Car. Mais pour le cinéma d’Asie du Sud, que dalle depuis 2001… Jusque RRR.
Elodie Hamidovic : Mais du coup, à quel autre égard ces nominations sont historiques ?
Asmae Benmansour-Ammour : Eh bien parce que, comme je le disais, les films acclamés par la presse internationale étaient jusque-là des œuvres plutôt intimistes, justement dans la veine de ce que le cinéma bengali a pu proposer dès les années 1950. Mais avec RRR, on congratule le grand cinéma populaire indien, on salue l’ADN du masala, du blockbuster à l’indienne. Là où certains gimmicks de ce langage cinématographique ont pu être moqués par le passé, considérés comme nanardesques par toute une branche de cinéphiles, aujourd’hui, c’est un aspect qu’on trouve rafraîchissant et sincère face aux grosses machines américaines, de plus en plus formatées.
Elodie Hamidovic : C’est clair que pendant des années, le traitement réservé par exemple aux fresques complexes de Sanjay Leela Bhansali, qu’on qualifiait de façon hyper réductrice de “Bollywood traditionnel” sans en saisir les différentes nuances, eh bien c’était frustrant. Du coup, le succès critique de RRR donne vachement d’espoir et on se dit que peut-être, d’autres films indiens ambitieux pourront à leur tour s’imposer dans ces cérémonies suivies partout dans le monde… En tout cas, on souhaite bonne chance à RRR pour les Golden Globes ! Faites rayonner l’Inde et rendez-nous fiers !
Asmae Benmansour-Ammour : Justement, après plus de 3 semaines de congés, on a sûrement du retard à rattraper dans nos visionnages. Alors Elodie, qu’est-ce qu’on peut découvrir en ce moment ?
Elodie Hamidovic : Cette semaine, foncez au cinéma pour découvrir le superbe film pakistanais Joyland, sorti en France depuis le 28 décembre 2022 grâce à Condor Distribution. Cette pépite révélée au Festival de Cannes est également dans la shortlist des Oscars pour le prix du Meilleur Film Etranger.
Asmae Benmansour-Ammour : Le cinéma d’Asie est effectivement bien placé puisque le film gujarati Last Film Show de Pan Nalin figure aussi dans cette shortlist, alors on espère découvrir ce film en France très bientôt !
Elodie Hamidovic : Justement, on revient en Inde avec le métrage tamoul Connect, qui entame sa troisième semaine d’exploitation. On remercie Friday Entertainment pour ce film d’horreur atypique qui nous permet de retrouver la superstar dravidienne Nayanthara quelques mois avant ses débuts en hindi face à Shahrukh Khan dans Jawan.
Asmae Benmansour-Ammour : D’ailleurs, vous retrouverez prochainement la liste des 20 films indiens les plus attendus de 2023 sur notre site !
Elodie Hamidovic : Du côté de la SVOD, de nombreuses sorties sont à signaler. Car en plus des métrages Goodbye et Doctor G, disponibles sur Netflix depuis la mi-décembre, vous pourrez découvrir en ce début de mois de janvier sur Prime Video 3 films : Gold, la nouvelle comédie malayalam d’Alphonse Putharen. Phone Bhoot, la belle surprise de Bollywood et le thriller télougou Hit - The Second Case.
Asmae Benmansour-Ammour : Dans le lot, je vous recommande chaudement Phone Bhoot, une comédie horrifique vraiment sympathique avec la superbe Katrina Kaif aux côtés des jeunes premiers Ishaan Khatter et Siddhant Chaturvedi.
Elodie Hamidovic : Sur ZEE5, 3 films inédits sont sortis sur la plateforme ces derniers jours : le film de danse Rocket Gang, le mélodrame Uunchai et la comédie punjabi Babe Bhangra Paunde Ne.
Asmae Benmansour-Ammour : Au passage, notre critique de Uunchai est d’ores et déjà sur le site de Bolly&Co.
Elodie Hamidovic : L’occasion parfaite de vous faire votre propre avis si vous avez raté le film en salles !
Asmae Benmansour-Ammour : A ce propos, le calendrier des sorties de 2023 est vraiment chargé, avec très prochainement Pathaan, le film du grand retour de Shahrukh Khan… Mais est-ce qu’il y a des projets annoncés dont tu voudrais nous parler plus précisément ?
Elodie Hamidovic : Ah, tu me connais bien ! J’ai effectivement trouvé une info très croustillante… Alors, tu n’es sûrement pas sans savoir que l’acteur Aamir Khan a vécu une année 2022 compliquée. Après 4 ans d’absence, il faisait son grand retour au cinéma avec Laal Singh Chaddha, remake indien vraiment intéressant de Forrest Gump, qui est d’ailleurs sorti en France en août dernier. Malheureusement pour lui, les résultats box-office du métrage ont été décevants, sans parler du mouvement de boycott dirigé contre la star.
Asmae Benmansour-Ammour : Et sur lequel je m’étais exprimée plus amplement dans notre article investigation disponible sur Bollyandco.fr
Elodie Hamidovic : Et alors qu’il avait annoncé prendre une pause pour se consacrer à sa famille, l’acteur réfléchirait finalement déjà à son prochain film. Il serait à la recherche de projets qui soient justement dans la veine de RRR, des grands blockbusters énervés qui pourraient potentiellement le réconcilier avec l’audience.
Parmi eux, il y aurait Ghajini 2, suite de son premier blockbuster sorti en 2008 et qui constituait une relecture très libre de Memento. Mais il semblerait également que le comédien soit en pourparlers avec le réalisateur Prashanth Neel pour son prochain film, dans lequel Aamir donnerait donc la réplique à NTR Jr.
Asmae Benmansour-Ammour : Prashanth Neel, celui qui a dirigé la saga kannada K.G.F. ?
Elodie Hamidovic : C’est bien lui ! Cela dit, ces projets ne sont pas imminents puisqu’ils ne sortiront manifestement pas avant 2025 !
Asmae Benmansour-Ammour : J’espère sincèrement qu’Aamir va prendre le temps de peser le pour et le contre. Je voudrais pas que l’échec très relatif de Laal Singh Chaddha lui fasse oublier son identité artistique et son exigence ! D’autant qu’on sent ces derniers temps cette propension aux films bourrins et aux personnages de mâle alpha assez rétrogrades…
Elodie Hamidovic : Je ne pense pas que ce soit son genre, car même dans des projets infiniment commerciaux comme Dhoom 3 et Thugs of Hindostan, on sentait chez lui cette patte singulière, ce côté très précis qui a fait sa gloire. Ceci dit, je rejoins ton constat, on sent encore une fois que le cinéma indien veut surfer sur la vague des films aux personnages masculins rugueux et ‘badass’, mais auront-ils l’intelligence et la pertinence des personnages de RRR, par exemple ?
Asmae Benmansour-Ammour : C’est clair qu’on a une ribambelle de projets du genre comme Animal avec Ranbir Kapoor ou Jawan avec Shahrukh Khan. Et franchement, ça interroge sur la trajectoire que prend notamment Bollywood, comme un retour en arrière avec des protagonistes qui iconisent la violence et dont on ne cherche jamais à questionner les méfaits… Mais comme tu le dis, Aamir nous a toujours habituées à creuser, à aller plus loin.
Elodie Hamidovic : D’ailleurs, si ça peut te rassurer, toutes les infos précitées sont à prendre avec des pincettes. Et même si je ne dirais pas non à une suite de Ghajini à condition que ce soit bien amené, on n’est pour l’instant sûres de rien.
Asmae Benmansour-Ammour : Affaire à suivre, donc…
Elodie Hamidovic : En attendant des déclarations officielles, l’acteur semble surtout se recentrer sur lui et sur ses proches, notamment sa fille Ira qui vient juste de se fiancer. Mais aussi sur les débuts au cinéma de son fils Junaid dans le film Maharaja, dont la post-production a démarré.
Asmae Benmansour-Ammour : Surtout que Junaid ne s’est pas précipité pour faire du cinéma, contrairement à d’autres enfants de la balle comme Ananya Panday ou Janhvi Kapoor, qui préparaient minutieusement leurs débuts sur leurs réseaux sociaux. Il va bientôt fêter ses 30 ans et a sans doute pris le temps de réfléchir au projet qui l’enthousiasmait vraiment avant de se lancer. Du coup, je suis curieuse de voir le résultat !
Elodie Hamidovic : Et c’est tout pour aujourd’hui, merci de nous avoir écouté.
Asmae Benmansour-Ammour : C’est sur la mélodie de “Vaa Vaathi” du film Vaathi que l’on se quitte. L’occasion pour moi de vous rappeler que ce drame tamoul avec notre chouchou Dhanush sortira en Inde le 17 février prochain. En espérant que la France puisse également en profiter !
Elodie Hamidovic : Si vous aimez Namaste, le cinéma, n'hésitez pas à nous soutenir en partageant massivement le podcast autour de vous.
Asmae Benmansour-Ammour : Et si vous avez des suggestions à nous faire ou des messages à nous transmettre, vous pouvez nous contacter par mail ou sur Bollyandco.fr
Elodie Hamidovic : Nous serons ravies de vous lire ! On se retrouve lundi prochain avec plus d’infos, bonne semaine à tous !
Asmae Benmansour-Ammour : Et surtout n’oubliez pas : Namaste, le cinéma !
Crédits :
Hosts : Elodie Hamidovic & Asmae Benmansour-Ammour
Texte : Elodie Hamidovic & Asmae Benmansour-Ammour
Retranscription : Asmae Benmansour-Ammour
Design : Elodie Hamidovic
Montage et mixage son : Elodie Hamidovic