#23 - Les ‘nepo babies’ à Bollywood, les réservations pour Pathaan sont ouvertes, Hansal Mehta à la rescousse du cinéma hindi…

lundi 23 janvier 2023
podcast bollywood namaste le cinema bollyandco episode 23


Namaskar, Vanakkam, Namaskaram, Sat Sri Akal, Nomoshkar, Namaste le cinéma !

Asmae Benmansour-Ammour : Nous sommes le lundi 23 janvier 2023, et voici les actualités du grand et du petit écran indien, décryptées en exclusivité par Bolly&Co…

Elodie Hamidovic : Salut Asmae, comment tu vas ?

Asmae Benmansour-Ammour : Salut Elodie ! À merveille ! J’espère que tu as passé une très bonne semaine !

Elodie Hamidovic : En effet, ça a été chargé mais plutôt sympathique ! Dis-moi, tu as des choses à nous raconter dans ce podcast ?

Asmae Benmansour-Ammour : Pour tout te dire, c’est mon mari qui a trouvé pour nous le sujet de cette semaine. En effet, fort de son intérêt naissant pour le cinéma indien, auquel je ne suis pas étrangère, il est tombé sur un article très intéressant qu’il s’est empressé de m’envoyer. Il s’agit d’un essai du site Thred qui revient sur la fameuse question du népotisme à Bollywood.

Elodie Hamidovic : Ah, le sujet touchy du népotisme…

Asmae Benmansour-Ammour : C’est ça... Car si très récemment, la Une du New York Magazine sur les ‘nepo babies’ de Hollywood a grandement fait parler, ce phénomène est bel et bien ancré au cinéma indien, où résident des dynasties d’acteurs et de metteurs en scène.

Elodie Hamidovic : Oui, et ça ne date pas d’hier car effectivement, le népotisme n’est pas du tout un phénomène nouveau, particulièrement exacerbé en Inde par le système. C’est ainsi que par exemple, la famille Kapoor est active à Bollywood depuis 4 générations, du pionnier Prithviraj au bankable Ranbir.

Asmae Benmansour-Ammour : C’est un sujet que nous avons nous-mêmes éculé, et sur lequel on pourrait croire que tout a été dit… On sait aussi que le décès tragique de l’acteur Sushant Singh Rajput, l’un des quelques exemples d’outsiders ayant réussi à conquérir Bollywood, a provoqué un profond émoi au sein de l’opinion publique.

Il a surtout été la source d’une véritable remise en cause de l’ordre établi, nourri allègrement par le star-system et par des figures puissantes comme Karan Johar. Ce dernier affiche à son tableau de chasse le lancement de 4 carrières d’enfants de stars, à savoir Alia Bhatt, Varun Dhawan, Janhvi Kapoor et Ananya Panday. La prochaine sur la liste ? Shanaya Kapoor, fille de Sanjay, nièce d’Anil et cousine de Sonam, Harshvardhan et Jahnvi…

Elodie Hamidovic : J’avoue que même si je ne l’apprécie pas, Kangana Ranaut n’avait pas tout à fait tort lorsqu’elle le qualifiait de baron de la mafia de Bollywood !

Asmae Benmansour-Ammour : Pas faux ! Mais le pire, c’est qu’il n’est pas le seul. On a forcément tendance à le pointer du doigt puisque Karan assume sa démarche de façon totalement décomplexée. Cependant, l’excellente Zoya Akhtar, elle-même fille de l’éminent parolier Javed Akhtar, promeut également des enfants du système en propulsant prochainement Khushi Kapoor, fille de Sridevi, Suhana Khan, fille de Shahrukh Khan et Agastya Nanda, fils d’Amitabh Bachchan. Ils seront tous les trois à l’affiche de The Archies, prévu pour cette année.

Ainsi, on sait qu’on ne peut pas imputer l’entretien de ce fonctionnement à quelques têtes pensantes, mais à une véritable culture des relations au cinéma indien. Et ce n’est pas qu’à Bollywood que ça se passe…

Elodie Hamidovic : Exactement… Au cinéma tamoul, l’excellent Dhanush par exemple, est le fils du producteur Kasthuri Raja et le petit frère du cinéaste Selvaraghavan, qui l’a dirigé à plusieurs reprises. Fahadh Faasil est quant à lui le rejeton du réalisateur Fazil qui a lancé sa carrière à Mollywood en 2002. Les deux vedettes de RRR, Ram Charan et NTR Jr, viennent aussi de familles historiques du cinéma télougou. Bref, c’est à se demander qui mérite réellement sa place…

Asmae Benmansour-Ammour : Alors attention, il est hors de question de nier le talent de certains produits du népotisme, qui ont prouvé leur valeur avec les années... Parmi eux, il y a Hrithik Roshan, Farhan Akhtar, Konkona Sen Sharma ou encore Rani Mukerji. Mais il est presque impossible de les dissocier pleinement de leur prestigieuse ascendance. Ainsi, Hrithik Roshan a été lancé par son père Rakesh, qui l’a dirigé dans pas moins de 4 films.

Elodie Hamidovic : Sans compter les films qu’il a produit pour lui…

Asmae Benmansour-Ammour : Idem pour Konkona, que l’on adore mais qui peut dire merci à sa mère, la cinéaste Aparna Sen, qui lui a offert certains de ses plus beaux rôles avec Mr and Mrs Iyer et 15 Park Avenue.

Elodie Hamidovic : Et les concernant, je suis presque contente car ils sont vraiment géniaux. Mais il reste heureusement de la place pour des artistes sans ascendance. On a ainsi vu des outsiders cartonner comme Vijay Sethupathi, Anushka Sharma, Nayanthara, Ayushmann Khurrana, Parvathy ou encore Rajkummar Rao. Mais le népotisme questionne davantage sur les opportunités que sur le talent en lui-même. Il existe autant d’enfants de stars à avoir réalisé une jolie carrière que de gosses sans talent qui ont fini par se planter. Je ne citerai que Armaan et Aadar Jain, également membres de l’illustre dynastie Kapoor mais qui ne sont jamais parvenus à percer. La preuve que sans véritable talent, c’est difficile de durer.

Asmae Benmansour-Ammour : Ce qui interroge ici, c’est cet accès facile aux contacts, aux grands bureaux des directeurs de castings et des producteurs. Là où un illustre inconnu devra passer des centaines d'auditions avant d’obtenir une seule véritable chance de succès, les enfants de la balle bénéficieront largement des relations de leur famille. Ils ont probablement déjà assisté à des tournages dans leur enfance, partagé des repas avec des vedettes, été à l’école avec les progénitures d’autres grands noms du cinéma… Bref, ils ont évolué dans les mêmes cercles et verront forcément des portes s’ouvrir généreusement pour eux.

Elodie Hamidovic : C’est ainsi qu’un enfant de la balle a beaucoup plus de chance d’être lancé dans un prestigieux projet avec un éminent cinéaste à sa tête. On a cité Khushi et Suhana qui joueront pour Zoya Akhtar. Mais en remontant plus loin, Ranbir Kapoor et Sonam Kapoor ont également fait leurs débuts avec nul autre que le maître Sanjay Leela Bhansali dans Saawariya.

Asmae Benmansour-Ammour : Les outsiders devront quant à eux passer par bien des étapes avant de décrocher ce fameux premier rôle au cinéma. Le regretté Sushant a travaillé à la télévision pendant plusieurs années. De son côté, Ayushmann a d’abord participé à une émission de télé-réalité avant de devenir animateur et Vijay Sethupathi a été figurant dans un nombre impressionnant de films avant d’exploser sur grand écran. Elodie Hamidovic : Quoiqu’il en soit, on sent que le népotisme n’est pas prêt de prendre fin à Bollywood, ni même dans les autres industries du pays. En tant que spectateur, il va donc falloir faire avec, en espérant qu’il y ait plus de bonnes surprises que de mauvaises…

Asmae Benmansour-Ammour : En parlant de surprise, qu’est-ce qu’on peut découvrir en matière de cinéma indien en ce moment ?

Elodie Hamidovic : Les blockbusters tamouls Varisu et Thunivu entament leur deuxième semaine en salles, distribués respectivement par Friday Entertainment et Night ED Films. Asmae Benmansour-Ammour : Et je vous rappelle que les critiques des deux films sont disponibles sur notre site (ici et ici).

Elodie Hamidovic : S’il n’y a pas de nouvelle sortie à signaler cette semaine, je vous informe que les réservations pour les multiples séances de Pathaan sont désormais ouvertes. Ce film évènement avec Shahrukh Khan et Deepika Padukone sortira le 25 janvier grâce à Desi Entertainment Paris.

Asmae Benmansour-Ammour : Personnellement, j’ai déjà pris ma place !

Elodie Hamidovic : En ce qui concerne la SVOD, on a eu droit le 20 janvier à deux films inédits : Mission Majnu, sorti sur Netflix avec Sidharth Malhotra et Chhatriwali disponible sur ZEE5 avec Rakul Preet Singh.

Asmae Benmansour-Ammour : La critique de Mission Majnu est déjà disponible sur Bollyandco.fr

Justement, qui dit début d’année dit ribambelle d’annonces de projets… Et cette semaine, il y en a eu pas mal. Dans le lot, lequel a attiré ton attention, Elodie ?

Elodie Hamidovic : Faraaz, dont la bande-annonce a été dévoilée il y a quelques jours. Le film revient sur l’attaque du 1er juillet 2016, survenue à Dhaka au Bangladesh et dans laquelle le jeune Faraaz Ayaaz Hossain a péri.

Asmae Benmansour-Ammour : Oui, j’ai entendu parler de cet attentat… Il était le petit-fils d’un magnat de la finance, c’est ça ?

Elodie Hamidovic : Effectivement. Et pour être honnête avec toi, je suis partagée à la perspective de ce métrage. Parce qu’avec le climat actuel à Bollywood, il serait facile de récupérer une telle affaire pour promouvoir des idées extrêmes et adopter un discours islamophobe.

Asmae Benmansour-Ammour : Je comprends, c’est aussi ma crainte dès que je vois une œuvre du genre pointer le bout de son nez.... Et d’un autre côté, c’est Hansal Mehta qui réalise…

Elodie Hamidovic : Exactement ! Car le cinéaste a excellé dans l’exercice du film inspiré de faits réels avec les bouleversants Shahid et Aligarh, sortis respectivement en 2013 et 2016.

Asmae Benmansour-Ammour : Et ces films étaient fins, sensibles et nuancés, habités par une bienveillance folle et un profond respect pour ses illustres protagonistes… Bref, très loin des abominations de Vivek Agnihotri ! D’ailleurs, tout se recoupe puisque ce métrage va lancer la carrière du jeune Zahan Kapoor. Et je pense que tu as deviné la suite…

Elodie Hamidovic : Oui, je sais. C’est un enfant de star, n’est-ce pas ?

Asmae Benmansour-Ammour : Dans le mille ! Zahan est le petit-fils de l’acteur Shashi Kapoor et appartient également à la grande dynastie des Kapoor, dont nous vous parlions plus tôt dans cet épisode… Le film est également le premier projet en hindi de la jeune Pallak Lalwani, fille de l’acteur de télévision Jiten Lalwani.

Elodie Hamidovic : Décidément, ils sont vraiment partout !

Asmae Benmansour-Ammour : Mais tu vois, même si je partage tes inquiétudes, l’histoire de Faraaz a vraiment le potentiel de porter un message d’espoir. Car pour revenir sur les faits, des extrémistes ont attaqué un salon de thé avec la ferme intention d’abattre tous les non musulmans qui s’y trouvaient. Faraaz, de confession musulmane, avait été épargné par les assaillants mais a refusé d’abandonner ses amis. Son geste de fidélité est devenu un symbole d’opposition contre l’obscurantisme.

Elodie Hamidovic : Oui car sur le papier, Faraaz partageait la même “religion”, et je mets des guillemets, que les terroristes. Pourtant, il a choisi le bien, la justice et la solidarité. C’est un récit dramatique mais qui peut clairement être bénéfique dans le contexte que l’on connaît.

Asmae Benmansour-Ammour : Du coup, même si ce ne sera probablement pas un visionnage facile, j’ai hâte de voir Faraaz, et j’ai toute confiance en son réalisateur.

Elodie Hamidovic : Moi aussi.



Elodie Hamidovic : Et c’est tout pour aujourd’hui, merci de nous avoir écouté. Asmae Benmansour-Ammour : C’est sur la mélodie de “Anuraga Madhuchashakam” du film Neelavelicham que l’on se quitte. L’occasion pour moi de vous inviter à découvrir le clip de ce magnifique morceau, disponible depuis quelques jours sur Youtube. D’autant que cet ambitieux métrage en langue malayalam compte à sa distribution trois acteurs formidables : Tovino Thomas, Roshan Mathew et Rima Kallingal. Bref, on a hâte de savoir quand cette petite merveille sortira !



Elodie Hamidovic : Si vous aimez Namaste, le cinéma, n'hésitez pas à nous soutenir en partageant massivement le podcast autour de vous.

Asmae Benmansour-Ammour : Et si vous avez des suggestions à nous faire ou des messages à nous transmettre, vous pouvez nous contacter par mail ou sur Bollyandco.fr

Elodie Hamidovic : Nous serons ravies de vous lire ! On se retrouve lundi prochain avec plus d’infos, bonne semaine à tous !

Asmae Benmansour-Ammour : Et surtout n’oubliez pas : Namaste, le cinéma !

Crédits :



Hosts : Elodie Hamidovic & Asmae Benmansour-Ammour
Texte : Elodie Hamidovic & Asmae Benmansour-Ammour
Retranscription : Asmae Benmansour-Ammour
Design : Elodie Hamidovic
Montage et mixage son : Elodie Hamidovic