Arjun Kapoor, l'hypersensible

samedi 1 décembre 2018
arjun kapoor filmographie bollywood — Cet article a été publié dans le numéro 14 de Bolly&Co, page 26.

On pourrait produire un film sur la vie d’Arjun Kapoor. Entre ses problèmes de poids, la nouvelle conjugalité de son père et le décès tragique de sa mère, on peut clairement dire qu’il n’a pas eu un parcours facile.

En 1996, Arjun a 11 ans lorsque son père Boney Kapoor quitte le domicile familial pour épouser l’actrice Sridevi, avec laquelle il fonde une nouvelle famille. Des années durant, Arjun n’a jamais polémiqué sur son vécu et a toujours respecté le choix de vie de son père...

Lorsque sa mère, Mona Shourie, décède des suites d’un cancer en 2012 (quelques jours avant la sortie du film de ses débuts, Ishaqzaade), Arjun est très pudique à ce sujet. Et quand c’est Sridevi qui disparait brutalement en début d’année, Arjun prend son rôle d’aîné à cœur plus que jamais. Il sera aux côtés de son père lors des funérailles et soutiendra ses demi-sœurs Khushi et Janhvi, dont il n’aura jamais été aussi proche. Sa relation avec sa sœur Anshula force également l’admiration, ces deux-là ne manquant jamais une occasion de valoriser le lien indestructible qui les unit. Aussi, lorsque certains internautes s’attaquent à Janhvi, Arjun est le premier à prendre sa défense. La dignité avec laquelle il a su gérer les épreuves de la vie m’ont d’autant plus amenée à m’intéresser à l’acteur qu’il était.

Arjun est de ces comédiens qui jouent avec leurs tripes, qui usent de leurs démons et de leurs failles pour qu'ils servent les personnages difficiles qu'ils incarnent. Enfin ça, c'est maintenant. Entre temps, il y a eut du boulot...

La sous-branche de Yash Raj, Y-Films, doit le lancer dans Virus Diwan, une comédie dirigée par Bumpy, auquel on doit une autre production du genre : Luv Ka The End, avec Shraddha Kapoor. Mais après le tournage du teaser, le projet sera abandonné. Pour autant, Arjun ne lâche rien et continue de travailler afin de parfaire son jeu d’acteur.

Il passe une audition pour le film Ishaqzaade et ne divulguera pas au directeur de casting le nom de son père.

Il faut dire que le jeune homme est méconnaissable après sa perte de poids. C’est gagné puisqu’il est choisi pour le rôle, dans lequel il fera face à la jeune Parineeti Chopra. Dans cette réalisation d’Habib Faisal, il incarne Parma, un jeune hindou sanguin prêt à tout pour détruire la famille de Zoya, une musulmane dont le père se lance en politique.

« Mais c’est qui, ce beau gosse ? Par ici, viens voir Maman ! #filetdebave »

Clairement, Arjun Kapoor est un beau
gosse ! D’où sortait ce type ? Pour moi, il constituait l’indéniable révélation masculine de 2012, loin devant Varun Dhawan, Sidharth Malhotra et Ayushmann Khurrana (tous lancés cette même année). Dès son premier film, je cerne chez Arjun une sensibilité à fleur de peau, qu’il mue en énergie et en rage dans ce rôle de bad boy au cœur tendre. Je le sens, Arjun a des choses à extérioriser.

C’est sans doute plus facile pour lui de se cacher derrière des personnages âpres et sévères, qui ne laissent que peu de place à sa vulnérabilité foncière.

Dans ses diverses interviews, Arjun marque pourtant par son humour et sa simplicité, bien moins fanfaron que ses amis Ranveer Singh et Varun Dhawan, pour ne citer qu’eux. Il ne cherche pas à se faire remarquer. Sur ce point, il me fait fortement penser à sa belle-mère, qui laissait ses films parler pour elle. Arjun fonctionne de la même manière. S’il se livre volontiers à l’exercice de l’interview et de la promotion de ses métrages, il ne cherche jamais à détourner l’attention des médias sur sa personne. Il se met pleinement et sincèrement au service des œuvres qu’il porte.

En 2013, Arjun signe son deuxième projet, Aurangzeb.

Thriller d’action dans lequel l’acteur incarne un double-rôle, il s’agit probablement de l’une des prestations les plus sous-valorisées de sa carrière à ce jour. En effet, Arjun y est franchement remarquable dans la peau de ces jumeaux à l’histoire trouble. Pourtant, le métrage fait un flop, pas assez singulier et plutôt brouillon dans sa construction. Et puis, Arjun semble se mesurer. Moins complexe que son rôle dans Ishaqzaade, il n’exploite pas l’entièreté de son potentiel. Il se cache.

Avec Gunday, il consolide son image de jeune homme en colère face à son ami Ranveer Singh. Dans la veine de son rôle dans Ishaqzaade, Arjun incarne un Bala volcanique des plus marquants. De quoi me faire TRES plaisir.

« N’en déplaise à certaines, je suis #TeamBala à 100% ! »

J’ai eu quelques #IshaqzaadeFeels en le voyant dans la peau de cet homme bourru mais blessé. Et c’est une bonne chose, rassurez-vous. Pour autant, je ne peux pas me l’expliquer, mais ce sentiment d’inachevé ne me quitte pas. Allez savoir, je veux voir Arjun dans un autre registre. Mais lequel ? Je l’ignore encore, à l’époque. Mais je sais ce jeune homme capable d’aller plus loin. Et de m’éblouir, tout bonnement.

J’ai un léger espoir avec son film suivant, une comédie romantique qui le fait sortir de sa zone de confort.

Hélas, 2 States me déçoit. Arjun y est plat et désincarné. Son personnage est niais au possible et ne possède absolument aucun relief. Je ne retrouve pas la verve qui l’animait dans ses films antérieurs, coincé dans un rôle étriqué de jeune premier complètement rasoir.

« Mais il est sous sédatif, ou quoi ? C’est quoi, ce regard de bœuf ?! Cher Sidharth Malhotra, tu veux bien être gentil et sortir du corps d’Arjun, s’il te plaît ? #inexpressivitébonjour »

Avec Finding Fanny, il change radicalement d’univers cinématographique. Loin du côté clinquant et imposant de ses précédents projets (produits par de grosses bannières), ce film constitue pour Arjun un sacré challenge. En effet, il doit faire face à certains des meilleurs acteurs du pays, de Naseeruddin Shah à Pankaj Kapur, en passant par Dimple Kapadia. Là où il aurait pu sombrer, le jeune homme signe l’une de ses prestations les plus fines en amoureux transi dans ce road movie enlevé et pétillant.

« Mais c’est qu’il est plein de surprises, ce garçon ! C’est quoi, la suite ? Un drame larmoyant ? »

Oui, car au fond, c’est ce que j’espère. Je veux le voir en écorché vif. Car contrairement à ses collègues, Arjun fait tout pour jouer des personnages qui ne lui ressemblent pas. Les rôles de composition, ça le connaît ! Mais désormais, j’attends de lui qu’il ose ouvrir sa boite de Pandore. Qu’il s’autorise à exploiter les fêlures de son existence pour les transmettre à ses protagonistes à venir. Voilà ce que j’attends de lui. Oui, je sais. Je suis chiante, un peu.

Cependant, ce ne sera pas pour tout de suite puisqu’en 2015, Arjun est à l’affiche de Tevar.

Remake du film télougou Okkadu avec Mahesh Babu, mon cher Baba (oui, c’est comme ça que je le surnomme, et alors ?) incarne le joyeux benêt qui vient à la rescousse d’une donzelle en détresse qui ne sait manifestement pas se défendre toute seule (féminisme, au revoir…). La foudre semble me frapper tant je ne comprends pas ce qui a poussé Arjun à faire un tel choix… Bon, il faut avouer qu’il est chou comme tout, le p’tit. Mais ça ne suffit pas ! Ça ne me suffit plus ! Oui, je deviens exigeante. D’ailleurs, je ne m’y tromperai pas puisque Tevar fera un bide retentissant au box-office. Et vlan !

« Arjun, pourquoi t’as fait ça ?! En plus avec Sonakshi Sinha, l’impératrice des plantes vertes ? Pourquoi tu veux pas que je sois heureuse ? #jenfaisunpeutrop »

Je crois voir la lumière au bout du tunnel avec Ki and Ka, sorti en salles en 2016. Dans ce film, Arjun Kapoor me fait l’effet d’un gros nounours qu’on a envie de câliner. Oui, rien que ça ! Si je n’avais pas besoin de ce métrage pour connaître son potentiel, Ki and Ka m’a permis de le découvrir dans un rôle plus tendre et attachant, moins rugueux que ceux auxquels il a été habitué. Je suis contente, mais pas encore comblée. Qu’à cela ne tienne, le métrage me fait un peu plus craquer pour Arjun. Comme si j’étais pas déjà assez cramée comme ça...

« Non mais je veux le même ! Baba, épouse-moi !
#iminlove »


L’an dernier sort Half Girlfriend. Le film ne me tente pas. Mais alors, pas du tout ! Pourtant, j’ose aller le découvrir au cinéma. Et la lumière fut ! Si le métrage en lui-même est une déception, la performance d’Arjun m’éblouit. Car avec ce film, il livre enfin ce que j’attends de lui depuis tout ce temps ! On le voit se consumer et se détruire dans l’amour que son personnage Madhav porte à la belle Riya. J’ai pleuré comme une ado pré-pubère lors d’un concert des One Direction, mais je m’en fous ! Arjun a enfin baissé sa garde pour nous montrer quel interprète fascinant il est. Et je suis aux anges !

« Arjun, je t’aime. Oui, je sais. Nous venons de deux mondes différents mais notre amour sera plus fort que tout. Alors je te le demande solennellement : veux tu m’épouser ? »

Attendez, il m’arrive quoi, là ? Je crois que je suis amoureuse, les gars. D’un acteur d’exception dont je pense que nous n’avons entrevu que le centième des capacités. Alors même si son film suivant, Mubarakan, est bon à jeter à la poubelle (quoique, attendez, je vais quand même le garder pour l’admirer niaisement…), je sais désormais pour sûr qu’Arjun Kapoor est un talent rare à surveiller de près. J’ai du pif, les gars (et un sérieux béguin, mais passons…) !

J’ose espérer que sa carrière prendra une trajectoire qui lui sera favorable.

Ses prochains films, Namaste England et Sandeep aur Pinky Faraar, lui donneront l’occasion de retrouver Parineeti Chopra. De quoi me mettre en joie tant j’avais adoré leur duo dans Ishaqzaade. Il sera également dirigé par Raj Kumar Gupta (Aamir, No One Killed Jessica) dans India’s Most Wanted. Mais le projet que j’attends avec autant d’impatience que d’appréhension, c’est Panipat. Ce drame historique, c’est l’occasion pour lui de se révéler à l’audience, et de faire montre de sa polyvalence ! Mais d’un autre côté, le réalisateur Ashutosh Gowariker a essuyé de multiples échecs avec ses derniers métrages, ce qui m’inquiète quant au résultat final.

Mais j'ai confiance en Arjun. Car même en jouant dans un film médiocre, il est parvenu à tirer son épingle du jeu.

Et c’est selon moi le signe d’un grand acteur, capable d’exister et de marquer les esprits même dans des navets innommables. Bref, je lui ai donné mon cœur, j’espère qu’il n’en fera pas de la purée en signant n’importe quoi. Kapoor, je compte sur toi, mon chou !
mots par
Asmae Benmansour
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"Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même."